Statistiques : et vous, où vous situez-vous ?

En janvier 2018, Bpifrance LeLab publie une synthèse approfondie des résultats issus de l’étude “Histoire d’incompréhension. Les dirigeants de PME et ETI face au digital”. Une enquête portant sur 29 988 dirigeants de PME/ETI interrogés (octobre 2017).

Elle confirme le retard pris par nos entreprises dans le développement digital.

Dans les grandes lignes, quelques chiffres clés :

• Pour 47% des dirigeants, la révolution digitale aura peu d’impact sur leur activité d’ici 5 ans et plus.
  
  
• Seulement 55% des dirigeants ont une vision de la transformation digitale de leur entreprise mais 63% d’entre-eux n’ont pas établi de feuille de route claire.
  
  
• Pour les 37% restant, structurer l’action reste le point dur.

• 85% des dirigeants ne font pas de veille structurée sur la concurrence, les nouvelles tendances et offres, les innovations technologiques. Ce qui est pénalisant pour appréhender les évolutions du marché dans un contexte digital en pleine expansion.
  
  
• 77% des dirigeants impliqués dans la transformation digitale de leur entreprise y associent peu leurs équipes. Seulement 13% des directions générales la communiquent comme une priorité stratégique.
  
  
• 61% des dirigeants ne favorisent pas le travail “agile”.
  Or, la transversalité est un facteur primordial pour gagner en maturité digitale.

Ce retard s’explique pour différentes raisons :

• 77% des entreprises n’ont pas ou peu enrichi leur offre au cours des 3 dernières années.

Ce qui peut être traduit autrement par le fait que seulement 23% des dirigeants qui font de l’innovation est un rapport faible dans un contexte où notre économie de marché n’est plus dans une logique de pousser un produit fini (taylorisme, fordisme), mais de proposer une solution répondant à un besoin (toyotisme).
Paradoxalement, 57% d’entre elles affirment associer leurs clients à la conception de l’offre.

En résumé, 73% des dirigeants interrogés accusent un retard dans la digitalisation de leur entreprise.

https://www.bpifrance-lelab.fr/content/download/6035/44100/version/2/file/Resultats_enquete_bpifranceLeLab.pdf

Concernant les TPE

On aurait tendance à associer les TPE aux PME sur le plan des statistiques, surtout qu’au regard de l’Europe, elles font désormais partie de la famille des PME.

Or, dans le cas de la transformation digitale, il n’en est rien, les chiffres sont d’ailleurs inversés avec ceux des PME/ETI que nous avons énoncés précédemment.

Une étude de l’Observatoire des TPE/PME de CNP Assurances  intitulée "Le digital, opportunité ou menace pour les TPE ?" et conduite par CSA (Consumer Science & Analytics) auprès de 404 dirigeants de TPE de 1 à 9 salariés, fait un état des lieux du digital dans les TPE et de la perception qu’en ont leurs dirigeants.

Si les préoccupations économiques restent prioritaires, cette étude révèle néanmoins que 76 % des dirigeants de TPE considèrent le digital comme une opportunité plutôt qu’une menace pour leur entreprise.

Les avantages immédiats perçus sont la mise en visibilité de l’entreprise (74%), suivie de la sauvegarde et la sécurisation des données (73 %), et le développement de leur activité par la captation de nouveaux prospects (68%).

L’étude extrait 3 profils de dirigeants de TPE face au digital : les "non-impliqués" (20%), les "novices volontaires" qui sont les plus nombreux (42%) et les "avertis actifs" (38%).

- Les "non-impliqués" sont surtout des dirigeants de TPE qui ont plus de 10 ans d’existence, et dont pour 40 % d’entre-elles l’activité a été décroissante au cours des 2 dernières années; cela peut expliquer que leurs préoccupations soient plus d’ordre économique (la réduction des charges en étant la principale pour 43%).

C’est une catégorie de dirigeants peu technophiles, peu concernés par le digital et qui n’en perçoivent ni les opportunités, ni les menaces.

71% considèrent le passage au digital comme inutile pour développer leur activité et 26% sont sur-représentées dans le secteur de la construction.

Ils possèdent généralement un niveau d’études inférieur ou équivalent au baccalauréat.

- Les "novices volontaires" sont des dirigeants de TPE dont l’activité a plutôt stagné depuis les deux dernières années.15% d'entre eux sont âgés de 18 à 34 ans.

Ils ont conscience des opportunités offertes par le digital, qui leur semble par ailleurs incontournables pour sauvegarder les données de l’entreprise ou bien développer l’activité.

Ils sont également conscients des risques que peut engendrer le digital comme par exemple le développement d’une mauvaise e-réputation (30%) et ne se sentent pas suffisamment armés pour être concurrentiels.

Ne maîtrisant pas parfaitement ces outils, 66% d’entre-eux déclarent faire appel à des spécialistes pour gérer ce déploiement.

- Les "avertis actifs" ont déjà intégré le digital et en ont tiré des bénéfices : ce sont des dirigeants de TPE plutôt en croissance depuis les deux dernières années. Principalement des hommes, ils sont plus nombreux  à avoir un niveau BAC+4 ou +5 (31%) et considèrent le développement du digital comme une priorité.

Technophiles, ils sont plus de 9 sur 10 à être convaincus que le digital constitue à la fois une opportunité en interne (pour la sauvegarde des données, l’amélioration des conditions de travail et la réduction des coûts) ou en externe (pour le développement de l’activité et l’accroissement la visibilité de leur entreprise).

Enfin, ils se sentent en très grande majorité bien armés sur le plan digital pour être concurrentiels. Pour 96% d’entre-eux le digital est bénéfique.

En résumé, les 3 catégories confondues :

Pour 70 % des dirigeants de TPE, le digital est un passage obligé avant d'être perçu comme une opportunité.

S’il est perçu comme une opportunité, le digital est avant tout considéré comme un passage obligé par les dirigeants de TPE.

44 % sont présents sur les réseaux sociaux essentiellement pour exposer leur entreprise, présenter les produits et services, communiquer sur leur activité. Principalement Facebook et LinkedIn.

61% des TPE possèdent un site vitrine, mais très peu exploitent un site de vente en ligne.

Malgré cela, la majorité des dirigeants estiment qu'ils sont insuffisamment armés pour leur transformation digitale, et beaucoup (70%) affirment que sa mise en oeuvre est freinée par le manque de temps.

52 % d'entre eux font ainsi appel à un prestataire externe pour les accompagner dans cette démarche.

Enfin, 63% des dirigeants de TPE expriment le besoin d’être rassurés quant au risques de vol ou de perte de données stratégiques, premier frein à un déploiement digital, le second étant la peur d'une mauvaise réputation digitale (53%), même si seulement la moitié déclare surveiller sur la toile ce qui est dit sur leur entreprise.

https://www.csa.eu/en/survey/le-digital-dans-les-tpe-opportunite-ou-menace